La thématique des interdits alimentaires religieux[1] offre un bon exemple des tensions entre pôles potentiellement contradictoires qui sous-tendent la laïcité. Pour certains, l’existence de menus de substitution à l’école est une atteinte à la neutralité de l’espace public. D’autres réclament leur suppression dans une démarche qui, pour le sociologue Françoid Dubet, est révélatrice d’un « glissement du thème laïc au thème national. Parler de laïcité devient une façon de revendiquer une France blanche et chrétienne, où tout le monde partage la même culture et les mêmes mœurs ». D’autres encore, comme Claude Lelièvre, historien de l’éducation, font référence à Jules Ferry pour qui « la République n’était pas dans l’assiette…il était anticlérical au sens où il se méfiait du rôle politique de l’Eglise, mais pas antireligieux. Pour lui, il n’était pas question de heurter les sentiments religieux ». Le sociologue Pierre Merle constate un durcissement : « ce qui me frappe dans le débat public, c’est une définition implicite de la laïcité qui ne correspond en rien à celle de notre constitution, du droit européen et international. Une laïcité qui interdit les manifestations religieuses plutôt que de les respecter, qui conduit à des logiques d’exclusion au lieu de favoriser le vivre ensemble »

 


[1] de même que celle du port du voile