Françoise Champion, chercheuse du CNRS, s’est intéressée aux logiques qui ont présidé à l’évolution historique en Europe des systèmes de relations entre l’État et les Églises. Ses travaux l’ont conduite à identifier deux processus : la laïcisation et la sécularisation[1].

Ces processus ont-ils pu interagir ?

La réponse est oui.

La laïcisation a pu s’appuyer sur la sécularisation. C’est le cas de la France où la mise en œuvre sur le long terme de la politique de laïcisation initiée par la III° République a été facilitée par la sécularisation de la société. Une sécularisation qui s’est traduite par une perte d’influence de l’Église catholique (liée notamment au déclin de la pratique religieuse et à la baisse des vocations).

Mais il peut y avoir disjonction entre les deux processus : le Danemark est un pays sécularisé sans laïcisation (il y a une Église d’État) ; à l'inverse, la Turquie est laïcisée depuis Mustafa Kemal, mais demeure faiblement sécularisée.

 


[1] Entre laïcisation et sécularisation. Des rapports Eglises-Etat dans l’Europe communautaire, dans Le Débat n° 77, novembre-décembre 1993