Françoise Champion, chercheuse du CNRS, s’est intéressée aux logiques qui ont présidé à l’évolution historique en Europe des systèmes de relations entre l’État et les Églises. Ses travaux l’ont conduite à identifier deux processus : la laïcisation et la sécularisation[1].

Ces processus ont-ils subi des altérations ?

La réponse est oui.

Par exemple, la France pratique une laïcité caractérisée par une conception particulièrement rigoureuse de la séparation de l’État et des Églises. Il n’en demeure pas moins que le pouvoir politique, quand il estimait que les circonstances l’exigeaient, a pu assouplir sa position quant à l’application du principe de séparation.

Dans le passé il s’est agi : de la loi de 1907 qui met les édifices religieux à la disposition de l’Église catholique ; des accords Poincaré-Briand-Cerretti de 1923 pour mettre fin au conflit avec le Saint-Siège ; de la non-application (ou une l’application incomplète) de la loi de 1905 dans les colonies et en Algérie ; du financement public apporté à la construction de la Grande mosquée de Paris.

Aujourd’hui, il s’agit : du maintien du concordat en Alsace-Moselle ou du statut spécifique de la Guyane et de Mayotte ; des financements indirects que constituent certains dégrèvements fiscaux ou le subventionnement des établissements confessionnels d’enseignement ; des garanties d’emprunt que les collectivités locales peuvent donner pour le financement d’édifices du culte ; des interventions du gouvernement pour susciter la création du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) en 2003 ; etc.


[1] Entre laïcisation et sécularisation. Des rapports Eglises-Etat dans l’Europe communautaire, dans Le Débat n° 77, novembre-décembre 1993