Les convergences en matière de relations Etats-Eglises entre les pays de l’UE sont indéniables : séparation du spirituel et du temporel (démocratie) ; liberté de conscience ; égalité, etc.

Peut-on pour autant fonder une notion de laïcité européenne sur ces convergences ? Certains auteurs le pensent.

C’est ainsi que Jean-Paul Willaime écrit que « la laïcité est un bien commun de l’Europe que chaque pays de l’Union européenne met en œuvre en fonction de son histoire et de sa configuration socioreligieuse »[1]. Il définit cette laïcité selon quatre critères : l’autonomie du politique et du religieux, la dissociation de la citoyenneté et de l’appartenance religieuse, la reconnaissance de la liberté de religion et de non-religion et le respect des droits de l’homme. Il considère que « l’Europe partage une laïcité de reconnaissance, une laïcité qui admet l’apport des religions à la formation des individus comme de la vie collective et qui ne s’interdit pas de prendre en compte officiellement le rôle public des Églises… Une laïcité qui, tout en respectant l’autonomie respective de l’État et des religions et en garantissant les principes fondamentaux de libertés et de non-discrimination qu’elle implique, reconnaît les apports sociaux, éducatifs et civiques des religions et les intègre de ce fait dans la sphère publique ».

Selon Y. Lambert les sociétés européennes se dirigent vers « un modèle dans lequel la religion ne doit pas exercer d’emprise sur la vie sociale, mais peut jouer pleinement son rôle en tant que ressource spirituelle, éthique, culturelle ou même politique au sens très large, dans le respect des autonomies individuelles et du pluralisme démocratique ».

Philippe Portier[2] considère que « si les relations Églises-États ont pris des formes différentes, elles reposent sur une semblable conception de l’être politique, à savoir l’autonomie de l’instance étatique à l’égard des religions ». L’autonomie devient ainsi le plus petit commun dénominateur de la laïcité européenne.

Peut-on suivre le raisonnement de ces auteurs et considérer qu’il est possible de parler d’une laïcité européenne, qui serait polymorphe ?


[1] L’Union européenne est-elle laïque ? dans De la séparation des églises et de l’État à l’avenir de la laïcité, entretiens d’Auxerre sous la direction de Jean Baubérot et Michel Wieviorka (2005)

[2] Les laïcités dans l’Union européenne : vers une convergence des modèles, Actes du colloque Tolérance, Nantes (1998)