La Finlande est un pays qui est à la fois confessionnel et non confessionnel.

La Constitution de 1999 prévoit la liberté de religion (elle était garantie par la loi depuis 1923). Cette nouvelle constitution entérine la séparation progressive qui s’est instaurée depuis 1919 (date de l’indépendance) entre l’État et l’Église évangélique-luthérienne. Mais ce dernier culte et le culte orthodoxe (privilégié non pour l’importance de ses membres, mais pour des raisons qui tiennent à l’histoire de la Finlande) continuent à bénéficier d’un statut particulier. Ce qui peut conduire à considérer qu’il existe encore deux Églises d’État en Finlande. Il subsiste dans la pratique officielle des traditions religieuses héritées des XVI° et XVII° siècles (par exemple, la fixation par le Président de la République de 4 jours de prière) et le rôle joué dans le secteur social, principalement par l’Église évangélique-luthérienne, demeure important.

La Constitution prévoit que l’organisation et l’administration de l’Église évangélique-luthérienne sont régies par la loi ecclésiastique. Cette loi, qui avait été adoptée en 1993, comprend deux parties : un code promulgué par l’État qui règle les relations entre l’État et cette Église ; un règlement ecclésiastique promulgué par l’Église elle-même qui traite de son organisation. Cette loi ne peut faire l’objet d’une modification que sur proposition de l’assemblée générale de l’Église ; le rôle du Parlement est limité à l’acceptation ou le rejet de cette proposition.

Une loi particulière relative à l’Église orthodoxe (qui est une église autonome rattachée au Patriarcat de Constantinople) avait été adoptée en 1969.

Ces deux cultes bénéficient, de par les lois précitées, d’un statut particulier et d’avantages spécifiques : ils ont le statut d’institutions de droit public indépendantes ; ils disposent d’un système juridictionnel interne ; certains de leurs employés ont le statut de fonctionnaire (mais ils peuvent aussi conclure des contrats de travail de droit privé)[1] ; ils ont le droit de percevoir des impôts ecclésiastiques sur leurs membres (impôts qui sont prélevés par les administrations publiques) ; une fraction de l’impôt sur le revenu des personnes morales leur est attribué ; ils sont exonérés de l’impôt sur le revenu ; leurs cimetières sont exonérés de taxe foncière (l’Église évangélique-luthérienne est propriétaire de la quasi-totalité des cimetières de Finlande ; la loi sur les inhumations prévoit qu’ils servent également de lieu de sépulture pour les personnes qui n’appartiennent pas à cette confession) ; ils ont des aumôniers dans l’armée et les prisons qui sont financés par l’État, les aumôniers dans les hôpitaux étant financés par les paroisses  

La loi de 2003 sur la liberté de religion donne un cadre juridique pour les confessions autres que l’Église évangélique-luthérienne et l’Église orthodoxe. Il est prévu que l’administration des brevets et enregistrements gère un registre des cultes qui ont demandé leur enregistrement. Les cultes enregistrés sont des personnes morales de droit privé ; il leur est interdit d’exercer des activités à caractère principalement économique.

Il existe enfin les « organisations religieuses idéologiques » inscrites au registre des associations tenu par l’administration des brevets et enregistrements, et qui sont régies par la loi sur les associations de 1989.

L’instruction religieuse (dans le primaire et le secondaire) ne doit pas être confessionnelle ; son financement est public. L’enseignement donné doit cependant être celui de la religion de la majorité des élèves (dans les faits, il s’agit de l’Église évangélique-luthérienne). Les élèves qui n’appartiennent pas à cette confession en sont exonérés ; ils peuvent demander un enseignement propre à leur confession s’ils sont au moins au nombre de trois ; les élèves pratiquant le culte orthodoxe ont un statut particulier : la délivrance d’une instruction religieuse est de droit quel que soit le nombre d’élèves. Les élèves qui n’appartiennent à aucun culte peuvent recevoir un enseignement sur l’éthique.

Avec l’indépendance de la Finlande, le mariage civil est devenu une alternative au mariage religieux, qui est retenue, par exemple, quand les futurs époux n’appartiennent à aucun culte ou à un culte dont le clergé ne dispose pas du pouvoir de célébration. Auparavant le mariage religieux -- évangélique- luthérien ou orthodoxe -- était en pratique la seule forme officielle d’union. Cependant, aujourd’hui encore, le mariage religieux reste la forme la « plus naturelle » de célébration. L’État a accordé à d’autres cultes le droit de procéder à des mariages.

 


[1] Depuis 2000 les évêques ne sont plus nommés par le Président de la République